1. Origine

Les Alains représentent un peuple nomade, progressivement sédentarisé, de langue iranienne, connu durant l’Antiquité et le Moyen Age. Actuellement deux conceptions d’origine des Alains s’affrontent. Selon la première les Alains est une union des différents peuples sarmates, qui habitaient les steppes de Russie méridionale vers le début de notre ère, avant l’apparition des Alains dans les sources écrites. D’après la deuxième hypothèse les Alains sont venus d’Asie centrale en Europe, où ils ont conquis les tribus sarmates indigènes. Cependant, tous les chercheurs sont d’accord, que le peuple alain à l’époque romaine dans les steppes ponto-caucasiennes englobe les différents peuples iranophones, aussi bien indigènes que venus de l’Est.

2. Caractéristiques généraux du peuple

La diffusion des riches tombes sarmates avec des objets du style animalier dit « or-turquoise » est une de manifestations les plus remarquables de cette migration des nomades au Ier s. La parenté stylistique des objets pontiques et asiatiques laissent supposer leur appartenance au même atelier. Des éléments culturels d’origine orientale se manifestent dans d’autres objets provenant de ces tombes : flèches, plaques-boucles, épées, miroirs chinois. Tout cela témoigne des contacts étroits entre les élites guerrières des steppes ponto-caucasiennes et celles asiatiques. On peut penser que les Alains, au début de leur histoire sont plutôt un groupe social guerrier qu'un véritable peuple, groupe qui s’engage militairement auprès de différents rois barbares, du Pont à l’Asie centrale. Ce groupe pouvait avoir sa propre culture aristocratique, ses modes et styles, dont les traces nous trouvons dans la diffusion d’objets prestigieux d’origine orientale. Plus tard le nom des Alains aurait été adopté par les peuples parmi lesquels ils menaient leur activité militaire. Durant le IIe et le IIIe s. les Alains deviennent progressivement la force décisive dans les steppes pontiques, à tel point que les noms d’autres peuples nomades d’Europe orientale disparaissent des sources écrites.

3. Les Alains et les Huns

Durant la deuxième moitié du IVe s. les Huns ont surgi sur la marge orientale de l’Europe. Les Alains du Don, Tanaïtes, ont été battus par les Huns, et incorporés dans la fédération des peuples hunniques. Un groupe important des Alains resta à l’époque hunnique dans les steppes du Caucase du Nord, entre le Kouban' et le Terek où on connaît les tumuli « princièrs » (Brut, en Ossétie du Nord) Les riches tombes du Caucase central mettent en évidence un nouveau phénomène: la formation des centres du pouvoir sur les voies à travers la chaîne principale du Caucase.

L’invasion hunnique a provoqué le départ de certains groupes des Alains vers l’Ouest. Ainsi, une groupe des guerriers huns, ostrogothiques et alains, dirigé par Alatheus et Saphrax (ce dernier porte un nom iranien) joint les Wisigoths en 376 dans leur exode sur le territoire de l’Empire. Pendant la bataille d’Andrinople c’est la cavalerie alaine, ostrogothique et hunnique qui joue un rôle très important dans la défaite de l’armée romaine.

4. Les Alains en Occident

En 378 les cavaliers d’Alatheus et Saphrax s’installent en Pannonie, en tant que fédérés de l’Empire. Il n’est pas exclu que ces troupes ont pris part dans la célèbre migration des Vandales, des Suèves et des Alains en Occident. Des groupes isolés des Alains apparaissent en tant que mercenaires au service de Rome durant le dernier tiers du IVe et au Ve s. Il ne faut pas surestimer leur nombre ni leur rôle dans l’histoire d’Occident romain, même s’il s’agit des troupes d’élite, qui jouaient parfois un rôle important, voire décisif dans les interminables guerres de l’époque des Grandes Migrations. L’épisode le plus important de l’aventure alaine en Occident est l’invasion des Vandales, des Suèves et des Alains en 406-409 en Gaule et en Espagne. Les Alains en Gaule jouent un rôle militaire important durant toute la première moitié du Ve s., même si leurs traces matérielles ou toponymiques y sont insignifiantes ou contestables. Après 461 les Alains en Gaule disparaissent des sources écrites de l’époque.

5. Les Alains en Espagne

Les Alains en Espagne en 429 agissent en alliance avec les Vandales et les Suèves et jouent un rôle dominant dans cette alliance. Les Barbares partagent le pays conquis, de la sorte que les Alains obtiennent la partie centrale de la péninsule ibérique, les provinces de Lusitanie et de Carthaginoise. Cependant, battus par les Wisigoths, venus d’Aquitaine en 416-418, les Alains sont obligés se mettre sous la protection des Vandales, le roi de ces derniers devient alors le rex Vandalorum et Alanorum. En 429 les derniers Alains d’Espagne quittent le pays pour suivre les Vandales dans la conquête de l’Afrique du Nord. A cette époque on ne les distingue plus des Vandales, les Alains africains ne sont pas présents, en tant qu’entité, dans les sources écrites et leurs traces matérielles ne sont pas identifiées.

6. Les Alains en Caucase

Une partie des Alains a été repoussée par les Huns dans les montagnes du Caucase du Nord, où au cours du VIe s. apparaît un royaume pro-byzantin. Le territoire des Alains dans le Caucase du nord se divise, du point de vue culturel, en deux parties, occidentale et orientale. Ce royaume, christianisé avec de plusieurs missions de Constantinople, existe jusqu’à la première moitié du XIIIe s., quand il a été écrasé par les Tatars. Aujourd’hui le peuple des Ossètes, qui occupe la partie centrale de la chaîne du Caucase, représente les descendants des Alains historiques.